pourquoi un blog ou une petite mise à nu...

Publié le par stéphane

A quoi bon écrire ce blog? Mon narcissisme à peine voilé? Ma volonté de partager mes envies, désirs & sentiments sur ce qui m’entoure? Un passe temps sans grande utilité? (mais si on devait trouver une fonction utile à chaque action de notre vie on en finirait plus), bref c’est sûrement un peu de tout ça réunis, comme la vie quoi! La mienne en tout cas…
Mais c’est quoi ma vie? Une existence que je considère déjà bien remplie, 27 ans d’expériences plus ou moins heureuses, de joie & de tristesse, de douleur et de fête, une volonté de me démarquer des autres tout en ne voulant pas m’exclure car comme tout le monde j’ai besoin qu’on s’intéresse à moi, c’est ça être humain: faillible, pleins de doutes, souvent être contradictoire mais ç’est ça aussi qui fait le charme du caractère, enfin je pense.
De la à faire un blog y a encore un pas que je franchis aisément, si ça m’amuse je vais pas me priver, les privations ne servant qu’à renforcer la frustration et pour ça j’ai déjà assez donné. C’est vrai qu’un blog c’est un journal intime plutôt mal cadenassée, tout le monde peut y lire des réflexions souvent plus habituées à rester confinées dans un recoin de son cerveau. Ça serait donc un aperçu de mes opinions, une ébauche de mes réflexions, une liste de doléances tout autant que le reflet certes virtuel mais proche de ma personnalité, en tout cas cette définition me convient et c’est ça qui me pousse à franchir le pas, même si je vais pas me leurrer non plus, ça ne restera toujours qu’un blog parmi des millions, et bien tant mieux je n’en demande pas plus…
On va donc commencer par une présentation rapide. En fait c’est plutôt dur de se présenter soi même, à croire qu’il est toujours plus facile de juger les autres que de procéder à son propre jugement, sûrement à cause de la vision nombriliste de soi ou à cette carapace invisible mais tellement réelle qui pousse à jouer un rôle plutôt qu’à tenter de se dévoiler vraiment.
Bref moi c’est Stéphane, 27 ans, sûrement quelqu' un d’ordinaire même si je n’aime pas trop ce terme, qui ne se considère pas comme quelque un de différent des autres? Peut être pas mieux ça c’est sûr, mais pas identique non plus donc meilleurs dans certains domaines et moins bons dans d’autres, j’ai l’impression de mener une vie heureuse même si je suis loin des pseudos critères de réussite sociale pondus par une société qui prône une liberté qu ‘elle réprime au quotidien de façon voulue ou insidieuse. Quoi je sombre dans la paranoïa? Non, je constate juste que la société dans laquelle j’évolue m’a poussé à perdre une grande partie de ma vie a créé des stratagèmes pour noyer d’autres sentiments et désirs peu avouables enfin c’Est-ce que je pensais. Dorénavant je me libère de ce poids social, de cette entrave que la société m’a poussée à me soumettre.
Le fait d’aimer les garçons, d’avoir des sentiments de désirs & d’amour pour des personnes du même sexe que moi a sûrement pas mal façonné mon existence et mon caractère étant donné que je me le suis caché pendant 27 ans. Pourtant depuis mon enfance mon regard & mes pensées allaient vers les garçons, toute une adolescence à tenter de passer pour l’hétéro type, le garçon lambda et surtout pas un pédé. J’ai « réussi » à réfréner mes pulsions durant toute mon adolescence, et du coup je n’avais que quelques expériences sexuelles avec des filles mais sans amour, juste pour bien paraître devant les autres, pathétique, mais à l’époque je ne voyais pas d’autres solutions, et puis à 24 ans j’ai découvert l’amour avec une fille, le vrai sans mensonge sur mes sentiments, je l’aimais, elle m’aimait, la vie rêvée quoi, mais au bout de 2 ans mes désirs pour les garçons sont revenus, je lui faisais du mal en lui mentant, je déprimais en me mentant aussi à moi-même, j’avais l’impression sûrement assez proche de la réalité d’être le dernier des salauds. Elle l’a compris et sa question fatidique: Stéphane t’es homo? m’a carrément cassé, au début je n’ai pas réussi à le dire, à me l’avouer, ça a encore duré quelques mois et puis une deuxième crise du couple toujours pour les mêmes raisons et là cette question qui revient et pour la 1ere fois de ma vie j’ai « avoué » être gay, et en lui disant je me le disais aussi à moi-même, je suis gay! Elle a été formidable avec moi, c’est elle qui m’a poussé à m’affirmer, à me reconnaître tel que j’étais, je lui dois beaucoup et encore aujourd’hui elle reste la plus belle rencontre de ma vie, la cassure c‘est donc fait sans heurts, me laissant à la découverte de mon moi intérieur. Et maintenant que j’ai compris que ce n’était ni un vice, une tare ou je ne sais quelle lacune péjorative de mon caractère mais que c’est au contraire une partie de moi, un fait qui joue consciemment ou pas sur mon identité, mes actions, ma vie, j’ai l’impression de m’être libéré moi-même.
Il est temps pour moi de m’affirmer tel que je suis, un pédé et alors? En quoi ça change quelque chose de mon caractère? Quand j’ai commencé à m’ « avouer » ce que je suis réellement je pensais juste être comme une sorte d’hétéro qui aime les garçons, grossière erreur que de vouloir rester dans ce moule duquel il est pourtant grand temps de s’échapper, je ne suis pas comme les autres, je ne suis pas un individu lambda, un citoyen de pacotille ou un hétéro malheureux, non je suis un être humain, un pédé qui ne compte plus avoir honte de ses désirs et sentiments amoureux, horrible contradiction que de réprouver le plus beau des sentiments qu’est l’amour. Je suis fier? Oui! Fier de moi, de ma famille, de mes amis, de la plupart de mes actes, de mes pensées, de mes désirs, de ma sexualité et de tout ce qui touche de près ou de loin à ma vie. Oui je suis fier, comme tout le monde devrait l’être de soi.
J’essaie au maximum de ne pas être touché par les jugements hostiles ou peu objectifs et je dois dire que pour l’instant les étapes récentes de mon coming-out auprès de ma famille ont été plutôt de bonnes surprises, bien sûr on a pas sabré le champagne mais je n’ai pas non plus du subir une cassure qui arrive malheureusement à trop d’homos d’avec leur famille, la mienne a été mise devant le fait accompli mais elle s’en doutait déjà, à croire que mon rôle d’hétéro n’était pas si au point que je le pensais! Et puis à 27 ans j’ai un boulot, un appart et pour mes parents par exemple cela veut dire que j’arrive à gérer ma vie, donc mon homosexualité n’est pas passé pour un problème de plus mais comme une différence, ce qui a été pour eux plus simple à accepter. Ce poids du mensonge envers les siens est tel que maintenant j’ai l’impression d’être une nouvelle personne même si je ne parle pas plus de ma sexualité qu’avant, c’est juste que je sais qu’ils savent, et ça a beaucoup de valeur pour moi. J’ai souvent eu peur qu’en me dévoilant aux autres je devienne l’ «  homo de service » celui avec qui on va parler fringues, coiffure et autres futilités alors que ce genre de sujet me soûlent rapidement, mais non là encore c’est moi qui avait des préjugés sur les autres et en fait mon cerveau ne faisait que refléter les visions caricaturales des gays, je pense que je peux dorénavant plus exprimer ma sensibilité, illogiquement considéré comme une valeur féminine, les garçons n’ayant sans doute pas d’intérêt à être tendre et sensible? Voilà je ne suis pas l’homo de service, je suis juste moi, un peu plus honnête avec les autres et avec mon esprit.
Mais assumer son homosexualité doit il devenir un but en soi, comme une quête du graal, dois je revendiquer, militer pour ça ou juste le vivre et me dire que tout vient à point à qui sait attendre. Je suis pas trop adepte des proverbes donc oui je suis pédé et j’en fait une fierté, un atout, j’oserais dire une qualité. Je crois en la vision du gay positif alors que durant toute ma vie seul le malade, le pervers, l’anormal me paraissait être les définitions de mon état. Je déteste cette société qui m’a fait me haïr, qui pousse des milliers de jeunes homos à tenter le suicide plutôt que la grande aventure de la vie, qui m’a fait mentir à ma famille & mes amis à cause de mes sentiments les plus secrets mais surtout les plus nobles: les sentiments amoureux.
L’homophobie est une abomination à laquelle j’ai participé, en détestant mon état je ne pouvais que détester l’homosexualité, j’ai haï les gays mais je comprends aujourd’hui que ce n’était que jalousie & frustration. Certains osaient vivre la vie que je m’interdisais, ils osaient s’aimer, être heureux & honnêtes, ces gens que j’ai haï je veux maintenant les ériger en modèles, même si le terme peut paraître fort, mais il est grand temps de valoriser ceux qui ont eu le courage dans cette société d’opposer leur amour à la haine aveugle qu’est l’homophobie. Il est plus que temps que ceux qui se découvrent homosexuels aient des modèles positifs à qui s’identifier. La place du gay n’est pas dans les études psychiatriques ou les procès verbaux. Sa place est au centre de la communauté, avec les mêmes droits et les mêmes attentes que n’importe qui.
Un hétéro ne pourra pas comprendre le mal être et la dépression qui s’est immiscé en moi à la « découverte » de mon homosexualité,il ne comprendra pas à quel niveau de tristesse m’a poussé le combat que je me suis mené contre moi-même pendant des années. Je pense qu’il ne peut pas, tout simplement car cette haine et ce mépris reste caché au plus profond de soi, on se hait mais on ne peut pas dire aux autres pourquoi, c’est pour cela que le suicide ou les prises de risques inconsidérées sont souvent le lot des jeunes gays. Pour mon cas je pense que ce qui m’a sauvé est paradoxalement ma lâcheté et ma peur de la mort, du coup j’ai souvent pensé au suicide, presque quotidiennement à une époque, mais je n’ai jamais franchi le pas fatidique, et aujourd’hui j’en suis heureux car je sais que mes plus belles années sont devant moi, enfin j’espère.
Aujourd’hui les homosexuels gagnent des points pourrait on dire: le Pacs en étant la meilleure preuve. Cette lutte a surtout montré le vrai et constant visage de l’homophobie. La manifestation anti pacs parisienne où se criaient « les pédés au bûcher », les déclarations insultantes de députés et autres politicards en mal d’un électorat réactionnaire, les sourires crispés d’une gauche qui ne pu que comme d’habitude prendre le train en marche et encore de manière fort timide, sûrement pour eux aussi ne pas choquer leurs bons électeurs affolés que 2 pédales puissent signer un bout de papier à la mairie. Tout ce que la France a pu sortir de psychiatres, de sociologues, experts et autres charlatans journalistiques ont pu cracher leur haine homophobe, qu’ils ne s’inquiètent pas la justice ne s’intéresse pas à eux. Même si aujourd’hui on a enfin mis les insultes homophobes dans le registre de la loi contre les discriminations mais ce n’est vraiment qu’un pas et non une finalité, la seule solution est de radicalement changer le regard de la population face à l’homosexualité ou plus largement face aux sexualités diverses. La prévention dans les écoles, l’égalité de tous les droits, la découverte & l’ouverture à la communauté  homosexuelle doivent être des priorités pour espérer un vrai changement de comportement général sinon nous pourrons continuer à procéder aux statistiques sur le suicide et la dépression des jeunes gays.
Malgré les homophobes, le pacs est passé. La population a l’air plus à l’aise avec les homosexuels et notre visibilité serait plus importante, mirage ou réalité? Le fait que quelques homosexuels passent à la télé suffit il à notre respectabilité, j’en doute. Où sont nos droits? Pourquoi les gays qui le souhaitent n’ont-ils pas droit de se marier & d’élever des enfants? Pourquoi les gays sont-ils toujours victimes de violences impunies? Pourquoi les gays sont-ils toujours stigmatisés comme un lobby, un « pouvoir secret » ou une espèce de secte sexuelle? Pourquoi les gays ont-ils été sacrifiés par l’état avec le virus du sida?Pourquoi pour la plupart des parents avoir un fils ou une fille homo est une déception? Pourquoi tenir la main de son copain dans la rue est il un acte de courage, militant ou provocateur pour un gay? Tant qu’on ne m’apporte pas de réponses concrètes à ces questions je ne me considèrerais pas satisfait. C’est pourquoi je suis fier de cette communauté, même si elle n’en est pas une au sens strict du terme, mais bien un ensemble de personne dont certains buts sont communs, et quels buts! Vouloir vivre son amour & sa vie tout simplement, je ne pensais pas que ça avait quelque chose de foncièrement révolutionnaire, à voir la résistance homophobe il faut croire que si!
J’ai découvert le « milieu » gay de façon bien solitaire, à croire qu’on doit en passer par une espèce de rite. Rentrer dans un bar gay correspond assez aisément à un examen de passage, sera-t-on accepter? C’est incroyable le nombre de regards qui se tournent une fois la porte passée, ça peut être sympa mais quand t’es déjà pas sûr de toi c’est plutôt une « épreuve » qu’autre chose. Etre jugé par certains gays sur notre « comportement » parmi eux, génial comme si le jugement des hétéros suffisaient pas, mais enfin on s’y habitue et ça disparaît rapidement. C’est pour ça que le net à la fois si intime et si lointain a été pour moi vraiment le moyen de connaître des gays. Discuter de tout et de rien pendant des heures « entre nous » c’est au départ plus simple pour se lâcher et exprimer ses sentiments, ç’est pour moi un bon moyen pour rencontrer des gays que tu peux retrouver après dans les bars du « milieu » et là c’est beaucoup plus convivial. Et puis c’est grâce au net que j’ai découvert des gens biens, voire très biens pour certains! Même si pour d’autres la sincérité reste un mot creux. Et oui les gays ne sont pas non plus des anges, et il y a parmi nous son lot de putes, de profiteurs et de salauds. Encore une preuve que nous sommes bien comme tout le monde, des humains avec leurs qualités et défauts.
J’y est aussi découvert la sensation d’aimé & d’être aimé par un garçon, même si maintenant la vie nous a bien éloigné j’aurai toujours une pensée pour celui qui m’ a fait me découvrir et me décomplexer face à mon homosexualité et à mes désirs. J’ai aussi goûté aux plaisirs rapides des rencontres purement sexuelles, ça soulage sur le coup mais je ne m’y retrouve pas, la tendresse, la complicité ne peuvent pas se jouer en 2h, quoique je comprends que tirer son coup comme ça n’est pas non plus une mauvaise chose pour quelque un qui l’assume bien après. C’est aussi pour cette raison qu’on est pas près de me voir dans les saunas et backrooms mais je peux comprendre ces pratiques sexuelles et je trouve que la définition qu’en fait Michel Foucault (par exemple dans le bouquin «entretiens sur la question gay » de Le Bitoux) est tout à fait justifiable & en tout cas je n’ai pas à en faire un jugement.
Moi ce que je recherche c’est ma « moitié », vision sûrement idéaliste & fleur bleue, mais n’a on pas le droit de vouloir ce qu’il y a de mieux pour soi? Je veux rencontrer celui qui me fera vibrer juste par un regard, qui par son attitude et sa personnalité me fera lui offrir ma complicité et ma fidélité sans limite, celui qui le matin me réveillera par le contact de sa peau, celui qui sera me faire rire et sûrement pleurer, celui qui réussira à m’épanouir et qui partagera tout simplement ma vie. C’est sûr que vu comme cela ça fait très utopique et c’est bien possible mais je ne suis pas non plus à la recherche de cet hypothétique prince charmant, je cherche juste un garçon pour m’accompagner dans les joies & les galères, pouvoir prendre sa main et me laisser aller…
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